David (1501-1504) par Michel-Ange |
Matériel utilisé
Craies blanches, papier noir Canson, Format A3
Extraits de MICHEL-ANGE par Romain Rolland, Les Maîtres de l’art,
Paris.
« Dès sa jeunesse, dit Condivi, il [Michel-Ange]
s’était voué non seulement à la sculpture et à la peinture, mais à tous les
autres arts, avec une si dévorante énergie, qu’il dut se séparer presque
complètement de la société des hommes. Pour cette raison, beaucoup le tinrent
pour orgueilleux, d’autres pour excentrique et pour fou… En réalité, ce fut son
amour seul du travail, son travail sans répit, qui le fit seul, car il était
tellement pris par la joie et le ravissement que le travail lui donnait, que la
société des hommes ne lui offrait aucune distraction, mais plutôt lui causait
de l’ennui, en le détournant de ses propres méditations : ainsi que
Scipion le Grand avait coutume de dire, jamais il n’était moins seul, que quand
il était seul. »
« Cette solitude passionnée fut l’âme même du génie et
de l’œuvre de Michel-Ange. Il vécut renfermé en lui, sans attaches réelles avec
l’art de son temps.[…] On peut dire que, du commencement à la fin, il s’est
nourri de sa propre substance. Qui le connait connaît déjà son œuvre. »
« Ce qui frappe le plus dans cette nature d’une unité
impérieuse, c’est d’y voir assemblés des mondes ennemis : une brutalité
matérielle et un idéalisme serein ; un enivrement de la force et de la
beauté païenne et un mysticisme chrétien ; un mélange de violence physique
et d’abstraction intellectuelle ; une âme platonicienne dans un corps
d’athlète. Une union indissoluble de forces opposées, qui fit sans doute une
partie de ses souffrances, fait aussi sa grandeur unique. On sent que l’équilibre souverain de cet art
est le produit d’une lutte acharnée, et c’est le sentiment de cette lutte qui
communique à l’œuvre son caractère héroïque. Tout est passion, jusqu’à
l’abstraction même ; et l’idéalisme, qui chez tant d’artistes est une
cause de froideur et de mort, est ici un foyer d’amour et de haine. »
« Michel-Ange est en dehors de son temps, seul, à part,
et colossal. Comme une grande montagne, il oblige ceux qui habitent au pied au
désir invincible d’atteindre à son sommet ; et quels hommes furent jamais
moins capables de gravir ces âpres et sublimes hauteurs ! » […]
Qu’eût pensé Michel-Ange de ces disciples serviles, lui qui disait
fièrement : « Qui va derrière les autres ne va jamais devant ;
et qui ne sait pas créer de son propre fonds ne peut tirer aucun profit des
ouvrages des autres ! »
cf. MICHEL-ANGE sculpteur, peintre, architecte de Charles
Sala, Terrail, Paris 1995.
cf. Michel-Ange au siècle de Carpeaux, catalogue
d’exposition du musée des Beaux-Arts de valenciennes, 2012.
Drawings : Catherine Pulleiro