Le temps est passé, les années sont passées... Ai-je été engloutie par les sursauts de la vie parfois pas très commodes en ces années passées plutôt surprenantes. Mais oublie-t-on pour autant ce qui fait notre personnalité ? On s'égare, on s'épuise, on mouline comme un ordinateur qui ne parvient pas à l'étape suivante. On progresse aussi mais à une allure saccadée jouissive ou éprouvante. On perd un peu son chemin, on s'égare, on s'arrête, on continue par-ci et par-là dans un monde qui change et évolue si rapidement ou régresse si activement dû à la folie des êtres humains.
Les uns s'extasient de la beauté de la planète, de leur vie passionnée et passionnément enrichissante sur différents plans tandis que d'autres crient et pleurent au désespoir parce qu'ils sont ou se retrouvent dans une situation désespérante en proie à des humiliations, de l'indignité, de la décadence, de la souffrance. De toute façon, la vie continue jour après jour et il faudra bien vivre ou survivre à son état.
Trouver des moyens même petits pour survivre, patienter car il n'y aura pas d'autres solutions immédiates, attendre que le jour change et que l'instant soit plus propice pour avancer. C'est ainsi que j'aimerais vous parler de cette période de jeunesse de Jack London d'après un journal intime jusqu'alors inédit qui a récemment fait surface aux éditions Libretto (novembre 2023) dont le titre en Français est "Carnet du trimard" (The Tramp Diary). Jack London nous raconte cette dure période où il avait 18 ans et n'avait pas encore de vrai métier. Il avait bien-sûr commencé très tôt à travailler et avait cumulé des boulots éreintants et mal payés mais il avançait dans la vie comme il pouvait, et surtout comme il désirait. En 1894, il décide de traverser les Etats-Unis d'Ouest en Est avec un groupe de cent mille chômeurs qui se rend à Washington pour contraindre le président à financer un vaste programme de travaux publics. Jack London sans un sou en poche nous raconte les étapes de ses tribulations au cours de ce long voyage qu'il va faire en clandestin à bord de trains, de bateaux ou de carrioles voire des tronçons à pied durant des kilomètres et des kilomètres à ne plus pouvoir marcher :
"Ayant huit ampoules au pied, et beaucoup d'autres qui menacent, je ne peux toujours pas marcher. Je descends me laver dans la Coon River, puis je retourne au camp, où je retrouve trois autres camarades de ma compagnie". (page 74)
"Toujours incapable de marcher, je décide d'attendre qu'on me trouve un moyen de locomotion". (page 75)
Ce long périple sera très formateur pour Jack London, à différents niveaux. On pourra remarquer son assiduité quant à l'écriture de ce carnet. Repères de parcours avec des noms géographiques (villes, fleuves, gares), relations sociales avec ses camarades, avec des gens de toute sorte, avec la police mais aussi mis en valeur des situations tel un journaliste et témoignages par écrit. C'est une véritable EXPERIENCE ! C'est aussi une grande AVENTURE pour son âge car il n'avait jamais traversé de telles contrées encore sauvages par beaucoup d'endroits. Il se met à l'épreuve avec courage et sa carrure de gaillard lui permettra de venir à bout de tous les obstacles. Et ce ne sera qu'un début face à sa future vie de reporter, d'aventurier, d'écrivain... On se souvient encore de son célèbre roman "L'appel de la forêt" qui trouvera son vaste public de lecteurs... et tous ses autres livres !
Alors, pourquoi lire ? Lire pour apprendre, lire pour voyager, découvrir le monde, s'épanouir... mais aussi lire pour apprécier les mots de la langue française, leur ordonnance dans la phrase, leur sonorité... Lire pour entrevoir le monde et la vie d'un auteur telle une oeuvre artistique...
A bientôt ! Catherine