J'ai choisi cette photographie de Dorothéa Lange si célèbre, que j'ai dessinée au crayon car je la trouve particulièrement attendrissante et représentative de la relation mère-enfant telle une Vierge à l'enfant toujours présente pour son enfant lui apportant l'amour, la douceur, la chaleur et la sécurité dont l'enfant a besoin pour grandir et devenir autonome. Malgré la grande crise qui sévissait aux Etats-Unis autour des années 20 et 30, cette mère reste calme et digne, faisant face au destin qui était le sien, à cet "instant" où Dorothéa Lange avait posé son regard sur elle et ses enfants. A l'instant du cliché, les poses sont naturelles : les deux enfants dans un besoin d'affection ont posé leur tête sur l'épaule de leur mère. On peut juste se demander s'ils n'ont pas voulu tourner le dos à l'appareil photo par timidité... La photo en noir et blanc de la photographe est magnifique et se distingue surtout par ses tons gris qui apportent une remarquable douceur à l'ensemble du cliché. Photo douce et grave à la fois si on se réfère au contexte historique. La mère semble pensive, dans l'attente... Son regard est porté au loin et ne se laisse pas dissiper par l'objectif d'où le côté naturel et authentique de la photographie.
Dorothéa LANGE (1895-1965)
« Dorothéa était une femme hors du commun. Fort peu
attirée par l’existence cossue que lui
promettaient ses origines familiales, elle n’hésita pas à troquer la sécurité pour une vie errante,
le confort de l’atelier pour les nuits à la belle étoile et le profit financier
pour la carrière incertaine d’une photographe de terrain. »
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Mère immigrante, Nipomo, San Luis Obispo County, Californie, 1936. |
« Elle scrutait les visages, captait l’expression du
regard, notait des détails révélateurs dans l’attitude, par exemple des poings
serrés, une nuque inclinée, un menton levé. Autrement dit, Dorothéa Lange avait
commencé à photographier la condition humaine. »
"Dorothéa Lange collabora avec un sociologue (Paul Taylor)
sur le thème de la main d’œuvre agricole saisonnière aux Etats-Unis et mis en
évidence la détresse et le dénuement des familles d’ouvriers agricoles
immigrés. Leur étude (photos à l’appui) permit de débloquer des crédits pour une
aide alimentaire et la création de centres d’accueil destinés aux sans-abri. Le
10 mars 1936, le San Francisco News titrait à la une : « Deux
mille cinq cents hommes, femmes et enfants faméliques et à bout de forces
sauvés après des semaines de souffrances grâce à une photographe. » L’image
qui avait hâté l’envoi de secours dans l’une des régions touchées était la Mère
Immigrante devenue depuis un emblème de ces années noires."
"Elle avait beaucoup de sympathie et de tendresse pour les
gens. Elle s’intéressait à la condition humaine. On peut souligner son amour de
l’humanité."
Photographie et extraits tirés du livre
« Photographes » de Daniela Mrazkova, Ed. Diagonales, 1989.
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Florence Owens Thompson & ses enfants |
Livres de référence :
Dorothea Lange "Her Lifetime in Photography" by Elizabeth Partridge, Chronicle Books, San Francisco 2013.
"Walker Evans, Dorothea Lange & Les photographes de la Grande Dépression" de Thierry Grillet, Editions Place des Victoires, avril 2017.
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