vendredi 6 avril 2018

Shoji UEDA, photographe japonais...植田正治 !


植田正治    写真家 -  SHOJI UEDA PHOTOGRAPHE JAPONAIS

Filigranes Editions/L'oiseau rare, 2000
Shoji Ueda est né en 1913 à Sakai Minato dans la préfecture de Tottori. Cet endroit situé sur l’île de Honshu, face à la mer du Japon est surtout connu pour ses dunes de sable qui attirent un nombre considérable de touristes avides de dépaysement et d’espace dans un pays où les mégalopoles et les infrastructures ultra modernes tendent à couper l’individu de ses liens avec la terre. Les dunes de sable de Tottori offrent l’image d’un petit désert tombant à pic dans la mer, vision presque surréaliste de deux milieux naturels qui semblent à première vue incompatibles…
Shoji Ueda, amoureux de sa terre natale va mettre à profit ce panorama idéal et unique pour en faire le cadre de son travail photographique : « Il y orchestre des compositions surprenantes à la fois graphiques, très poétiques et empreintes d’humour, mettant en scènes sa famille ou les enfants des écoles environnantes. Le modèle, en soi, compte moins que la silhouette et la construction de l’image. Ces dunes, qu’il utilise comme studio à ciel ouvert, lui permettent de faire ressortir le sujet dans une esthétique précise fondée sur le dépouillement. » (MEP)

Paroles de Shoji Ueda

« En regardant les photos venues d’Europe, j’avais emmagasiné dans ma tête une foule d’images, ou plutôt des façons de prendre des photos qui ne demandaient qu’à être réalisées. »

« Les dunes, c’est mon studio. On ne peut pas trouver d’arrière-plan plus parfait, car l’horizon est étirable à l’infini. Je dirais que la dune est un paysage presque naturellement photographique. C’est la nature, mais réduite à un fond unique. »

« J’aime introduire dans des paysages naturels des éléments artificiels. J’aime bien que l’on sente une légère intervention du photographe. »

« En peinture, en poésie, c’est assez facile d’élaguer, de réduire à l’essentiel. Mais en photographie, c’est difficile de simplifier. Quand on prend des photos dans la rue, on est souvent obligé de prendre des choses qu’on aimerait bien enlever. »

RETROSPECTIVE DE SHOJI UEDA A LA MAISON EUROPEENNE DE LA PHOTOGRAPHIE (MEP) A PARIS EN 2008 SOUS LE TITRE « UNE LIGNE SUBTILE »

  • Premières œuvres 1929-1940
Dans son laboratoire, Shoji Ueda s’essaye tour à tour aux rayogrammes, solarisations, déformations. A la prise de vue, il travaille les plongées, les contre-jours et se donne des principes de composition pour le moins originaux. Cette curiosité pour les différentes facettes de la pratique photographique, il la tient de la découverte des travaux de créateurs européens. Celle-ci le libère du style pictorialiste qu’il avait à ses débuts adoptés.

  • De la nature morte au paysage, années 50
Après avoir mis en scène des personnages, Shoji Ueda dispose sur le sable des objets et ses images qui ressemblent alors étrangement à des tableaux surréalistes. Mais c’est autour de l’exploration approfondie du médium photographique, des ressources du noir et blanc, que l’œuvre va continuer de se construire, en relation avec un choix de thèmes appropriés. Les motifs sont empruntés à un environnement familier du photographe et l’eau joue un rôle plastique prépondérant.

  • Théâtre de la dune, 1945 – 1951
Les œuvres les plus connues de Shoji Ueda sont attachées à cette période. Ce sont tout d’abord les membres de sa famille qui constituent le principal réservoir d’acteurs composant ces scènes qui se jouent sur les dunes. Les premières images sont très pures, dépouillées, comportent peu de personnages, puis les scènes deviennent plus complexes ; d’autres acteurs pénètrent dans le décor de sable. Dans ce paysage se développe également une série de nus.

  • Enfants, 1955-1970
Tout au long de son œuvre, les enfants ont peuplé et animé les images de Shoji Ueda. Il décide de les photographier au fil des saisons, en hiver dans la neige ou en été à l’ombre des arbres. Des enfants en fête, ou saisis alors qu’ils avancent sur le chemin de l’école. Des enfants dont les silhouettes ponctuent l’horizon ou qui au contraire occupent le devant de la scène. Le jeu et la complicité qu’il réussit à établir avec eux sont toujours perceptibles.

  • Paysages modernes, 1970-1985
Très attentif à la nature, à ce qui se passe dans le ciel comme sur la mer, aux mouvements de la végétation ainsi qu’aux petits accidents que l’homme peut provoquer, Shoji Ueda capte des formes subtiles, mais insuffle également de l’esprit à travers celles-ci. Il n’a de cesse de développer sa sensibilité, d’enrichir d’images toujours plus nuancées sa perception du monde. Shoji Ueda interrompt à quelques reprises son travail pour voyager en Europe. Il ne cesse pour autant de photographier et ce regard qu’il porte sur un monde qui nous est familier a quelque chose d’intrigant. Cet intermède visuel, dont il tient à préciser qu’il constitue « un souvenir silencieux », nous en dit plus sur l’art du photographe, sur ce qui a pu mobiliser son attention, que sur le sujet même de la photographie.

  • Retour à la dune, 1980-1990
A l’initiative de son fils Mitsuru, Shoji Ueda revient sur les lieux de ses photographies les plus célèbres. Il retrouve le sable et le ciel, la lumière des dunes et du bord de mer. Mais l’espace de ses images va cette fois se construire autrement, son champ de vision est plus large s’il expérimente d’autres formats photographiques. Il met également en scène d’autres types de personnages. Et à la fin de sa vie, son regard sera irrésistiblement entrainé vers la mer.     
    
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Shoji Ueda a fait également partie d’une exposition collective à la MEP (en 2017) consacrée à des photographes japonais lesquels étaient Ihei Kimura (1901-1974), Yasuhiro Ishimoto (1921-2012), Shomei Tomatsu (1930-2012), Hiromi Tsuchida (né en 1939), Ikko Narahara (né en 1931), Eikoh Hosoe (né en 1933), Hiroshi Sugimoto (né en 1948), Hiroshi Yamazaki (1946-2017), Nobuyoshi Araki (né en 1940), Masahisa Fukase (1934-2012), Daido Moriyama (né en 1938), Taiji Matsue (né en 1963), Seiiji Furuya (né en 1950), Miyako Ishiuchi (né en 1947), Toshi Shibata (né en 1949), Ryuji Miyamoto (né en 1947), Naoya Hatakeyama (né en 1958), Hiro Wakabayashi (né en 1930) et Keiichi Tahara (1951-2017).
Rappelons que la MEP détient un immense fonds photographique japonais de plus de 1300 ouvrages publiés des années 50 à nos jours, consultables à la Bibliothèque (se renseigner pour plus d’informations).


Et si le sable japonais vous colle toujours à la peau lire le roman La femme des sables de Kôbô Abe ou s’immerger dans son adaptation cinématographique (drame/Thriller de 2h27 réalisé en 1964 par Hiroshi Teshigahara) mais il n’est pas sûr que vous vous en sortiez indemne…


MAISON EUROPEENNE DE LA PHOTOGRAPHIE
MEP, 5-7, rue de Fourcy (Paris IVe)
Tél. 01 44 78 75 00


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