J'aimerais préciser les deux termes japonais "maiko" et "geiko". Une maiko est une apprentie geisha et une geiko est en fait, une geisha. Il se trouve qu'à Kyoto on dit geiko au lieu de geisha. Puis, nous avons également le terme "rickshaw" employé dans l'extrait qui signifie pousse-pousse. Le terme en japonais correspond à "jinrikisha".
A l'Institut de beauté
Je vous propose donc de vous rendre dans un institut de beauté à Kyoto et de voir ce qu'il s'y passe. Ce jour-là, une amie japonaise avait décidé de se transformer en geiko et de se promener dans les rues de Pontocho (quartier célèbre de geishas) à Kyoto. Pontocho fait partie des Hanamachi de Kyoto mais le plus célèbre endroit de geishas reste le quartier de Gion. Si vous avez l'occasion de vous rendre au Japon notamment à Kyoto et connaissez des amies japonaises, l'expérience d'une transformation en geiko est formidable. L'amie que je connaissais commença à se transformer petit à petit jusqu'au moment où je ne pouvais absolument plus la reconnaître. J'avais la réelle impression qu'elle était devenue une geiko à son tour. Mon amie avait disparu pour laisser place à une toute autre personne... On commença par lui mettre une crème blanche sur tout le visage, le cou et le bas de la nuque. Puis, à l'aide de houpettes, on lui farda le visage. Là, elle me fit penser à Pierrot ou à un clown qui allait faire un tour rigolo... Mais, la transformation continua... Elle était devenue toute blanche moins brillante ! On procéda à son maquillage en recouvrant ses sourcils, on ajouta des touches de couleurs sur ses paupières et on lui passa un rouge à lèvres intense. Ses cheveux mi-longs restaient maintenus dans un filet noir afin de les protéger... Mon amie ne souriait plus, je crois qu'elle prenait ces instants sérieusement. D'ailleurs, je ne savais pas exactement pourquoi elle avait décidé de se transformer en geiko (geisha). Elle avait environ 25 ans ou 30 ans et travaillait. Elle aimait courir et participait à de petits marathons de 10 à 15 km. Elle était très jolie de visage et avait de grands yeux magnifiques. Elle était fine de corpulence à tel point que je n'imaginais pas une seconde qu'elle puisse faire de la course d'endurance. Je la voyais davantage dans des salons de thé, buvant tranquillement quelque chose avec ses copines tout en bavardant. Voilà comment les apparences peuvent être très trompeuses au pays du Soleil-Levant. Il faut du temps pour arriver à connaître les gens. Je la remercie encore pour avoir accepté ma compagnie ce jour-là. Nous étions trois. Il y avait une autre amie japonaise avec nous. J'étais vraiment très excitée à l'idée de découvrir un genre de mystère autour des geishas... même s'il s'agissait d'un institut de beauté ! C'est une certaine approche...
Ensuite, il fallait choisir un kimono parmi toute une série de kimonos magnifiques. Des couleurs et des motifs à profusion ! L'étape devenait très importante ! Le kimono donne la féminité et la grâce à une femme japonaise... mais il faut savoir le mettre et le porter ! L'aide d'un ou d'une spécialiste est incontournable... seule, ce n'est vraiment pas possible ! Les kimonos peuvent être très très onéreux, il ne faut donc pas les abîmer... Il ne faut surtout pas marcher dessus alors il convient de remonter un pan du kimono lorsqu'on se déplace... Les geiko professionnelles savent y faire ! Lorsque le superbe kimono noir fut ajusté à son corps, la maquilleuse choisit une perruque avec toutes ses ornementations (épingles à cheveux, décorations de fleurs et de feuilles dites "kanzashi" qui se portent selon la saison et le mois de l'année voire aussi une période du mois en cours). On sait que les Japonais sont très proches de la nature et que l'art traditionnel s'inspire des détails du monde vivant (espèces animales et végétales). On donna quelques conseils à mon amie japonaise pour se déplacer et tenir son kimono. Toutes ces choses (perruque, kimono, ceinture avec ses deux traînes) devaient peser énormément mais elle resplendissait. Je ne la reconnaissais plus ! Je n'arrivais plus à capter ses expressions habituelles pourtant j'essayais de les percevoir sur son visage. Avant de sortir, elle se chaussa avec des okobo, socques de bois traditionnels hauts de 10 à 15 centimètres. Très impressionnant ! Elle participa à la séance de photographies inclue dans son programme puis on se dirigea vers la sortie. Dans le couloir en bois, je pris une photo sur le vif, j'étais transportée dans un autre univers, un espace-temps mémorable... Une personne de l'institut nous accompagna dans les rues de Pontocho et ne nous quitta plus... Le kimono devait valoir une fortune...
Kyoto, le quartier de Pontocho
Le quartier de Pontocho possède des rues agréables avec de nombreux salons de thé privés ou de vraies maiko et geiko ont l'habitude de s'y rendre pendant l'année pour assister à des réceptions (ou banquets) afin de servir le saké et de divertir les hôtes par leur talent artistique (musicienne, danseuse,chanteuse).
Nous sommes donc à l'extérieur pour profiter du cadre traditionnel et pour s'adonner à volonté à la photographie. Mon amie parvient facilement à déambuler, perchée sur ses okobo. Elle prend des poses féminines notamment dans la façon de pencher la tête... ça à l'air coquin ! Déjà belle à l'ordinaire, elle est magnifique ! Ses grands yeux lui donnent un air moderne, presque occidental et ses allures la renvoient à un passé traditionnel lourd de sens. En fait, il faut être un connaisseur du Japon pour distinguer une geiko d'un jour ou d'une heure à une geiko professionnelle. Le touriste étranger la prendrait pour une vraie geiko en pose photographique. J'ai longtemps ignoré l'existence des instituts de beauté proposant de se transformer en professionnelle. Ces instituts n'ont rien à voir avec des salons de beauté ordinaires. On y vient pour se transformer en quelques heures et repartir avec des souvenirs inoubliables ! La séance photographique est la cerise sur le gâteau...
Nous suivons notre amie ainsi que son assistante. Elle correspond tout à fait au cadre qui nous entoure. Elle n'oublie pas de relever le bord de son kimono, peut-être un peu trop... Elle suit les conseils de son assistante. Je ne connais pas la formule qu'elle a choisie, celle de pouvoir se promener entre copines ainsi ou celle d'une heure offrant juste un petit tour dans le quartier. Je n'ai aucune idée des tarifs appliqués mais j'imagine que c'est déjà un petit luxe de se transformer en geiko. Il faut compter les produits cosmétiques, la location du kimono, la séance photo avec un professionnel, les photos, et le tour en ville... Et puis, c'est le Japon ! Bon, je tente de multiplier les photographies avec mon amie dans des cadres différents. Je m'en donne à coeur joie car il est tellement difficile de tomber nez à nez avec une geiko professionnelle. En fait, je ne perçois pas vraiment les différences et j'obtiens les photographies typiques que j'attendais depuis fort longtemps...
En fait, il est plus courant de bénéficier (en ce qui me concerne) de femmes japonaises transformées en geiko. Comme je le disais, il faut être là au bon moment et Kyoto offre de multiples autres possibilités de photographies alors je ne me suis jamais attardée devant les maisons de geishas (okiya) ou les maisons de thé privées (ochaya). Les photographies qui vont suivre vous présentent des Japonaises "déguisées" en geiko. Elles proviennent de différents instituts de beauté, je suppose. Les photographies ont été regroupées pour le thème de cet article et ont été prises à des années très différentes. Contrairement aux vraies geiko, j'ai remarqué que les fausses geiko (appelons-les comme ça !) ne sont pas pressées et se laissent volontiers prendre en photographie. Les vraies geiko ont un emploi du temps chargé et n'ont peut-être pas vraiment plaisir à se laisser prendre en photo. Elles ont d'autres préoccupations bien plus importantes mais il arrive que leurs activités les amènent à participer à des événements ou des festivals (matsuri) durant l'année. Le moment est donc beaucoup plus propice à la photographie...
La femme japonaise de gauche porte une ombrelle laquée blanche et violette et un ozashiki-kago (panier traditionnel en osier et en tissu). Dans ses cheveux, on remarque un kanzashi jaune correspondant au mois de mars : "Le Kanzashi de mars associe les papillons aux fleurs de colza. Ces dernières n'apparaissent pas avant avril - cela dépend de la région, à vrai dire - mais le fait de les montrer en avance annonce le printemps."(Kyoko Aihara). Les kimonos, de couleur variée, se portent selon le mois en cours. Les motifs du kimono sont des indicateurs mais ma connaissance est encore limitée à ce sujet.
La dernière photographie présente trois maiko (ou geiko) au bord d'une rivière. Nous sommes ici dans la partie ouest de Kyoto à Arashiyama. Un endroit excentré où la nature est encore très présente... La photo a été prise un 22 octobre, on remarquera l'épaisseur du kimono...
Photos/Copyright Catherine Pulleiro
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