lundi 30 avril 2018

Portrait de James Dean dans "A l'Est d'Eden" !


On sait tous que James Dean nous livre dans le film américain "East of Eden" (roman de John Steinbeck) ou "A l'Est d'Eden" réalisé par Elia Kazan une interprétation incroyable : ses émotions variées explosent l'écran et les plans du film excellent d'ingéniosité. Les personnages ont tous des caractères particuliers, bien différents et intéressants. Bref, j'aime beaucoup cette histoire familiale surprenante...
Cette image me semble très intéressante et James Dean interprète merveilleusement son attitude. Il est arrivé dans la petite ville côtière de Salinas (Californie) en montant sur le wagon du train car il n'a pas d'argent en poche. Il habite dans la ville proche de Monterey avec son père et son frère mais il n'a jamais vu sa mère (jouée par Jo Van Fleet)...
Le film commence pratiquement à ce moment-là. Sa mère passe par la rue pour se diriger vers la banque pour y déposer ses gains (elle tient une maison close) aux abords de la petite ville. James Dean (Cal) s'est donc assis sur le trottoir de planches en bois et attend le passage de sa mère. Elle va passer juste derrière lui, il va baisser la tête, jouer avec ses doigts inquiet, tourner la tête, et lancer des regards en biais comme celui-ci. Il a un plan en tête tandis qu'elle avance tranquillement avec élégance. Il la laisse aller au loin, la suit du regard et lorsqu'elle franchit l'entrée de la banque, il se lève, marche avec nonchalance, laisse passer deux dames et se met à la suivre mais elle l'a repéré sur le chemin. Elle ignore encore que c'est son fils qui désire lui parler, la connaître... James Dean hésitant, cheveux en bataille, mais voulant aussi absolument découvrir sa mère est super... Un petit Prince... lui qui adorait tant Le Petit Prince de Saint-Exupéry...




Matériel utilisé :

Papier à dessin noir, format A3
Fusain blanc (White coal)
Crayon pastel marron
Estompe (tortillon)
Gomme plastique

Origine de la photographie :

James Dean - Les images d'une vie
YB Editions, 2009
Edité par Yann-Brice Dherbier

Dessin : Catherine Pulleiro

vendredi 27 avril 2018

Portrait de Maiko (Japon) au pastel...



Jack London et une Maiko

De nombreuses fêtes traditionnelles se maintiennent au Japon. Le portrait de la Maiko a été pris lors de la fête Hôjôe qui a eu lieu à Kyoto (région du Kansai) le 1er juin 2003. Photo personnelle !

Matériel utilisé :

Papier à dessin noir, format A4
Fusain blanc (White coal)
Crayons pastel (Conté à Paris, Caran d'Ache)

Drawings : Catherine Pulleiro

Jack London : livres, portraits dessinés...


La Martinière 2016 (gauche) / Phébus 2013 (droite)

ロンドン・ジャック    アメリカ作家。「荒野の呼び声」「白い牙」などのほか、社会小説「鉄のかかと」など。

17 ans
« Jack London avait un visage d’une sensibilité poignante. Ses yeux étaient ceux d’un rêveur, et il émanait de lui une mélancolie presque féminine. Pourtant il dégageait aussi une impression de formidable et invincible force physique. » (Arnold Genthe)

Jack London (1876-1916) nous a laissé une cinquantaine d’ouvrages, des articles, des photographies mais nous ne connaissons en réalité que quelques uns de ses écrits dont notamment, L’Appel de la forêt (1903), Croc-Blanc(1906) et Martin Eden pour résumé brièvement mais d’autres livres témoignent de son travail méticuleux et précis notamment avec Le peuple d’en bas où il effectue un travail presque documentaire autour des pauvres de l’East End de Londres, ghetto de la capitale, durant l’été 1902 : un travail presque journalistique où il se pose mille questions pour arriver à  comprendre la condition de vie de ces gens-là. Il s’immerge donc parmi eux, vit à leur rythme et photographie des scènes de rues, des scènes de nuit etc. : « Il ira vivre la vie des chômeurs et des sans-abri. Il habitera avec eux et les suivra dans leur vie quotidienne. Puis il racontera ce qu’il voit et ce qu’il vit. » (cf Le peuple d’en bas, libretto p.14) ; « Pendant quatre-vingt-six jours, il va vivre au quotidien la vie du quartier, accumuler et lire une documentation énorme, des centaines de livres et d’articles, prendre lui-même des photos et taper son livre à la machine. » (idem. p.15)

Portrait de London, 1902



De toute façon, la pauvreté, il a connu ça très tôt car son enfance n’a pas été bien rose. Dès l’âge de 10 ans, il effectue des petits boulots pour aider sa mère et à 14 ans il doit arrêter l’école pour subvenir à sa famille. Jack London est courageux et ne se ménage pas. La vie dure, il l’a connue très vite mais c’est un débrouillard, un aventurier, un fonceur, un bosseur et il a appris à s’imposer parmi les voyous, ceux de la baie de San Francisco durant sa jeunesse. Alors qu’il n’a que 17 ans, une opportunité s’offre à lui. Le navire Sophia-Sutherland, cherche du personnel pour aller chasser le phoque près des côtes du Japon et dans la mer de Béring. C’est une occasion rêvée pour Jack et il s’y engage comme mousse. A lui, l’Aventure ! D’ailleurs, sa pensée tient en ces quelques lignes : « J’aimerais mieux être un superbe météore, chacun de mes atomes irradiant d’un magnifique éclat, plutôt qu’une planète endormie. La fonction propre de l’homme est de vivre, non d’exister. Je ne gâcherai pas mes jours à tenter de prolonger ma vie. Je veux brûler tout mon temps. »

« On m’a reproché d’avoir brossé de Londres un tableau noirci à souhait. Je crois cependant avoir été assez indulgent. » (Jack London)

Synopsis de L’Appel de la forêt :

« Enlevé à la douceur de la maison du juge Miller, Buck est confronté aux réalités du Grand Nord où il connaît la rude condition d’un chien de traîneau.
Sa vie devient une lutte incessante. En butte à la cruauté des hommes et à la rivalité de ses congénères, il subira un apprentissage implacable. Mais il vivra aussi un compagnonnage quasi mystique avec un nouveau maître. Ce n’est qu’à la mort de celui-ci, tué par les Indiens, que Buck cédera définitivement à l’appel de l’instinct et qu’il rejoindra ses « frères sauvages », les loups. En écrivant L’Appel de la forêt, Jack London a voulu que le courage et l’amour d’un chien conduisent à la compréhension des hommes. Mais, à travers le symbole d’une vie animale, il exalte aussi une volonté indomptable qui trouve son écho en chacun dans le besoin de liberté et le courage de l’aventure. »

Synopsis de Croc-Blanc :

« Tout n’est pas liberté dans le monde », et quand ce monde est le Wild, pays farouche et terre glacée, même le loup se sent prisonnier.
Jack London, dans ce décor sauvage et cette nature hostile, nous conte l’histoire d’un louveteau qui vient petit à petit à la civilisation et se fait chien.
La vie âpre des animaux sauvages et des chasseurs indiens ou blancs de l’Alaska a rarement été peinte avec autant de force et de vérité. Pour écrire ce récit, qui est devenu un classique de la littérature, Jack London s’est inspiré des souvenirs de son séjour dans le Grand Nord. »

Synopsis de Martin Eden :

Martin Eden, le chef d’œuvre de Jack London, passe pour son autobiographie romancée. Il s’en est défendu. Pourtant, entre l’auteur et le héros, il y a plus d’une ressemblance : Martin Eden, bourlingueur et bagarreur issu des bas-fonds, troque l’aventure pour la littérature, par amour et par génie. Mais sa chute sera à la mesure de son ascension vers le succès : vertigineuse et tragique…


Synopsis de Jack London : Profession écrivain :

« Quatre-vingt-treize textes, glanés par Francis Lacassin dans les correspondances de Jack London ou dans de petites revues enfouies dans des bibliothèques américaines, composent Profession : écrivain. Ils révèlent (après le chercheur d’or, le vagabond du rail ou des mers, le militant socialiste, le prophète du retour à la vie rurale) un nouvel aspect de la personnalité de Jack London : le « travailleur de la plume ». C’est une véritable plongée dans les coulisses de l’œuvre de London, grâce aux commentaires que lui inspirent ses écrits et les auteurs qui l’ont influencé : Kipling, Stevenson, Conrad, Spencer. Les textes dans lesquels il livre sa conception de l’écriture et du métier, sa tactique d’approche des rédacteurs en chef et éditeurs font de l’écrivain un véritable personnage… de roman.
Par sa sincérité, son amour du monde, son obstination à triompher de l’impossible, l’écrivain vu par London ressemble comme un frère… à un héros de Jack London. »

Synopsis de Jack London (par Charmian London) :

Terrail 2006 (gauche) / Finitude 2015 (droite)
« Un homme aussi extraordinaire que Jack London ne pouvait être honoré que par une biographe impartiale ; la mienne le sera donc ; autrement, elle serait indigne. »
« C’est ainsi que débute la biographie que Charmian Kittredge London consacra à son mari. Un texte publié en 1921, soit six ans après la mort de Jack London. Veuve de l’écrivain, dépositaire de sa mémoire, elle veille sur l’œuvre, prend la plume et raconte. Elle retrace avec la fidélité d’une femme amoureuse la vie de celui que l’on surnommait « le mangeur de vent ». Parfois aveuglée par l’admiration, parfois tendre et drôle ou grave, son histoire est un roman digne de ceux qu’il a écrits. »

Synopsis de Je suis fait ainsi :

« Jack London avait deux filles, Joan et Becky. Il avait divorcé de leur mère alors que les fillettes avaient quatre et trois ans. Perpétuellement en voyage, c’est par ses lettres qu’elles apprennent à le connaître, à mesure qu’il se dévoile. C’est un père affectueux, mais exigeant, et certains passages cinglants attestent de son caractère explosif. Mais qu’il raconte des épisodes de son enfance, qu’il parle de ses livres ou du pouvoir des mots, de natation ou d’un devoir d’anglais, son style reste inimitable et éblouissant.
Ces lettres révèlent l’intimité d’un écrivain à la personnalité hors du commun et, par leur qualité d’écriture, elles constituent une œuvre véritable, inattendue et bouleversante. »

Autres livres :

  • La Vallée de la Lune : « Saxonne trime dans une usine où elle repasse des chemises à la chaîne et attend le grand amour. Billy, un autre enfant du siècle, à peine plus âgé qu’elle, ouvrier aux mains déjà calleuses, possède la nonchalance physique des forces de la nature. Ces deux-là vont se plaire. Ils ont la jeunesse et le courage avec eux. La crise à Oakland fera tout basculer et les contraindra à trouver de nouveaux territoires vers les vastes solitudes de la Valley of the Moon…
 Roman sur la perte des préjugés et la confrontation des rêves de jeunesse à la réalité, roman dont la traduction indienne du titre est Sonoma, nom donné par Jack London à son ranch en Californie, La Vallée de la lune est, avec Martin Eden et John Barleycorn, le livre où l’auteur a mis le plus de sa personne. Il y offre par la même occasion un témoignage de première main sur l’Amérique ô combien fascinante de l’époque. »

  • La Petite Dame dans la Grande Maison : « L’Amérique bien-pensante de 1916 hurla au scandale quand London publia La Petite Dame dans la Grande Maison : évocation d’un amour libéré des entraves ordinaires (un ménage à trois), mais surtout, entre les lignes, véritable manifeste en faveur du libre choix amoureux que la société si longtemps, refusa à la femme. Un London étrangement féministe. Une histoire à la fois violente et touchante, qui n’est pas sans annoncer celle de Jules et Jim. »    

  • Les Tortues de Tasmanie : « Dernier livre paru du vivant de Jack London, ce recueil regroupe huit nouvelles inédites en France, qui sont autant d’hommages à des écrivains français tels que Maupassant ou Victor Hugo. La rencontre d’êtres « différents », tantôt destructrice, tantôt positive, et source de violents conflits intérieurs, est le thème dominant de cet ensemble. De cet univers peuplé de marginaux ou de criminels, sourdent pourtant, telles des lueurs, les notions de rédemption, d’amour ou de sacrifice toujours possible. Entre pessimisme tragique et indéfectible foi en l’humanité, Jack London livre ici une sorte de testament littéraire, enfin publié tel qu’il l’avait souhaité. »
 

  • La route : « Jack London a tout juste 18 ans quand il s’embarque sur ‘sa route’ et brûle le dur. Il parcourt plus de 20 000 kms à travers les Etats-Unis sans un sous en poche. Il connaît la faim, le froid, la rue, l’humiliation, vole, ment, s’enfuit, côtoie la violence des hommes, les jugements expéditifs, découvre la prison… mais c’est aussi de formidables rencontres, une joie de vivre, une générosité, une force naturelle, une envie de liberté, et le langage de l’aventure, que seule la jeunesse est capable de vivre. Tout au long de ce récit, il est aussi le témoin de cette Amérique qui traverse sa première grande crise, bien avant celle de 1929. Les vagabonds – ‘Hoboes’ – se comptent alors par centaine de milliers. D’après l’auteur, ‘le Hobo serait un artiste qui compose spontanément avec les yeux de celui qui lui ouvre la porte à l’instant… ».

  •  Le Cabaret de la dernière chance ou John Barleycorn (en Fr. Jean Grain d’orge): « Ce double obsédant, une autobiographie romancée que nous livre Jack London et ses errances éthyliques qui sont autant de retenu et de complicité avec cette voix ‘of’ qu’est l’alcool. Lucide de son état, l’œil trouble, il voit, et sait de John Barleycorn qu’il proscrit toute moralité, qu’une mauvaise action, impossible à jeun, devient la chose la plus facile du monde… il sait aussi que l’interdiction se dresse comme un mur entre nos désirs immédiats et la moralité depuis longtemps apprise. « Toutes mes pensées se trouvaient à l’aise dans ma cervelle. Chacune était tapie à la porte de sa petite cellule ». » 
Photo de couverture : Lee Jeffries !

Hommage à R. L. Stevenson (voir photo dans le livre de Michel Viotte) : Jack London sur la tombe de l’écrivain Robert Louis Stevenson, à Apia, dans l’archipel des Samoa, mai 1908. L’auteur du Docteur Jekyll et Mr Hide et de L’Ile aux trésors, que Jack London admirait profondément, vécut quatre ans aux Samoa, où il était surnommé  Tusitala (« le conteur d’histoires »). A sa mort, le 3 décembre 1894, quatre cents guerriers samoans portèrent son cercueil jusqu’à sa tombe. Il en avait lui-même rédigé l’épitaphe, qui commence par ces mots : « Sous le ciel immense et étoilé, creusez la tombe et laissez-moi reposer, heureux j’ai vécu et heureux je meurs… ». » 


Drawings : Catherine Pulleiro

vendredi 20 avril 2018

D'après Hans Silvester en Afrique de l'Est !


ETHNOLOGIE… PHOTOGRAPHIE… DESSIN

Les Habits de la nature, Hans Silvester, Editions de la Martinière, 2007
Portraits de chats, Hans Silvester, Editions de la Martinière, 2012

Qui est Hans Silvester ? Né en 1938 en Allemagne, membre de l’agence Rapho, Hans Silvester fait ses premières photos à l’âge de douze ans. Défenseur inconditionnel de la nature, les derniers grands reportages de ce voyageur l’ont mené en Inde, au Rajasthan, ainsi qu’en Afrique, dans la basse vallée de l’Omo, travail qui a déjà fait l’objet d’un ouvrage aux Editions de la Martinière : Les Peuples de l’Omo. Il publiera également chez le même éditeur Un amour de chats, Les chats du bonheur, Chevaux de Camargue, Les Ecrits du vent, C’était hier et C’était ailleurs.

A noter également son livre Portraits de chats avec des textes de Raphaële Rives (2012) : « Intriguée par cette ethnologue du félin, je m’aventurai dans son œuvre. Je tombai d’abord sur un magnifique ouvrage, Les habits de la nature. Il faut dire que j’ai passé des années de ma vie à créer des vêtements, à les affiner, à les ajuster. Les habits de la nature révélaient un peuple inconnu, vivant de nos jours dans la vallée de l’Omo, berceau de l’humanité. […] Chaque ouvrage nous invitait à contempler un univers, animal ou humain, jamais surpris, toujours respecté. Hans Silvester, aussi discret que certains chats, sachant s’intégrer à un milieu choisi pendant des mois, voire des années, afin de comprendre, de connaître les codes de société qu’il traversait, pour saisir dans toute leur vérité non seulement l’apparence des êtres rencontrés, mais quelque chose au-delà de la beauté, peut-être ce que l’on appelle l’âme. Les photos de Hans Silvester ne se regardent pas, elles se lisent. Elles n’appartiennent pas au monde du reportage, mais à celui de l’art. […] Il rentrait d’Ethiopie, me présenta des photos de ce voyage, je mesurai la liberté de cet homme, la façon dont il avait évité de charger sa vie de contraintes, de paraître, de faux-semblants. Cet homme libre, riche d’une magnifique énergie, qui s’était frayé un chemin en accord avec ses convictions, me fascinait autant que son travail. Il devenait à mes yeux La Pérouse, le capitaine Cook, Jack London et, par certains aspects, Claude Lévi-Strauss… »

En ce qui me concerne, je suis tombée sur les Portraits de chats de Hans Silvester au cours d’une de mes randonnées en librairie et ce fut le coup de cœur immédiat. Je n’avais encore jamais vu de chats pris d’aussi près, regardant fixement l’objectif, sans en être apparemment effrayés et je plongeais aussitôt dans leurs regards magnifiques aux couleurs incroyables. Page après page, comme on tourne un kaléidoscope, j’étais fascinée et pensais que leurs yeux contenaient toutes les couleurs de la Terre. Je repartais donc avec l’ouvrage sous le bras pensant qu’il pouvait être une source d’inspiration dans un thème différent. Lequel ? Je l’ignorais encore. Le livre fut mis de côté et le nom du photographe tomba dans l’oubli mais je retenais ses images de chats. Puis, autre balade en librairie un ou deux mois plus tard, je tombais sur l’ouvrage Les Habits de nature et là-encore, je fus subjugée par tant de beauté et le nom de Hans Silvester pris enfin toute sa grandeur lorsque je pris connaissance de ses publications dont le fameux Portraits de chats qui était déjà dans ma collection. Que dire ? Son livre Les Habits de nature, époustouflant, représente un chant de poésies et un hymne à la vie. Sans aucun doute, il participe à la richesse de la variété des cultures. Un trésor à découvrir ! Hans Silvester est un poète de la photographie, un virtuose de l’image et ses images sont de l’art…


« Dans cette partie de l’Afrique de l’Est, la savane impose son paysage de grands arbres isolés, de buissons épars et de hautes herbes sèches. En comparaison, près de l’eau la végétation se fait presque luxuriante : papyrus, fleurs, arbres fruitiers sauvages… Et cette luxuriance est comme une incitation à l’expression, au spectacle. Là, à portée de main, une multitude de plantes invitent chacun à toutes les fantaisies décoratives. »



 « Pour les avoir longuement observés, ces peuples montrent un véritable don : un quelconque élément végétal – feuille, tige, fleur, herbe, racine – se métamorphose instantanément en accessoire vestimentaire sorti tout droit d’un conte de fées ou d’un récit fantastique, sans ridicule aucun. Cette faculté est le propre des sociétés humaines vivant en symbiose avec la nature. Elle est pour eux une garde-robe infinie, le plus fabuleux magasin d’accessoires qui puisse s’imaginer. »





Dessiner d’après une photographie :

Matériel utilisé :
Base de fusain blanc (White coal)
Crayons au pastel (Conté à Paris, Caran d’Ache)
Gomme plastique

En haut (Photos de Hans Silvester)
 Drawings : Catherine Pulleiro   

vendredi 6 avril 2018

Shoji UEDA, photographe japonais...植田正治 !


植田正治    写真家 -  SHOJI UEDA PHOTOGRAPHE JAPONAIS

Filigranes Editions/L'oiseau rare, 2000
Shoji Ueda est né en 1913 à Sakai Minato dans la préfecture de Tottori. Cet endroit situé sur l’île de Honshu, face à la mer du Japon est surtout connu pour ses dunes de sable qui attirent un nombre considérable de touristes avides de dépaysement et d’espace dans un pays où les mégalopoles et les infrastructures ultra modernes tendent à couper l’individu de ses liens avec la terre. Les dunes de sable de Tottori offrent l’image d’un petit désert tombant à pic dans la mer, vision presque surréaliste de deux milieux naturels qui semblent à première vue incompatibles…
Shoji Ueda, amoureux de sa terre natale va mettre à profit ce panorama idéal et unique pour en faire le cadre de son travail photographique : « Il y orchestre des compositions surprenantes à la fois graphiques, très poétiques et empreintes d’humour, mettant en scènes sa famille ou les enfants des écoles environnantes. Le modèle, en soi, compte moins que la silhouette et la construction de l’image. Ces dunes, qu’il utilise comme studio à ciel ouvert, lui permettent de faire ressortir le sujet dans une esthétique précise fondée sur le dépouillement. » (MEP)

Paroles de Shoji Ueda

« En regardant les photos venues d’Europe, j’avais emmagasiné dans ma tête une foule d’images, ou plutôt des façons de prendre des photos qui ne demandaient qu’à être réalisées. »

« Les dunes, c’est mon studio. On ne peut pas trouver d’arrière-plan plus parfait, car l’horizon est étirable à l’infini. Je dirais que la dune est un paysage presque naturellement photographique. C’est la nature, mais réduite à un fond unique. »

« J’aime introduire dans des paysages naturels des éléments artificiels. J’aime bien que l’on sente une légère intervention du photographe. »

« En peinture, en poésie, c’est assez facile d’élaguer, de réduire à l’essentiel. Mais en photographie, c’est difficile de simplifier. Quand on prend des photos dans la rue, on est souvent obligé de prendre des choses qu’on aimerait bien enlever. »

RETROSPECTIVE DE SHOJI UEDA A LA MAISON EUROPEENNE DE LA PHOTOGRAPHIE (MEP) A PARIS EN 2008 SOUS LE TITRE « UNE LIGNE SUBTILE »

  • Premières œuvres 1929-1940
Dans son laboratoire, Shoji Ueda s’essaye tour à tour aux rayogrammes, solarisations, déformations. A la prise de vue, il travaille les plongées, les contre-jours et se donne des principes de composition pour le moins originaux. Cette curiosité pour les différentes facettes de la pratique photographique, il la tient de la découverte des travaux de créateurs européens. Celle-ci le libère du style pictorialiste qu’il avait à ses débuts adoptés.

  • De la nature morte au paysage, années 50
Après avoir mis en scène des personnages, Shoji Ueda dispose sur le sable des objets et ses images qui ressemblent alors étrangement à des tableaux surréalistes. Mais c’est autour de l’exploration approfondie du médium photographique, des ressources du noir et blanc, que l’œuvre va continuer de se construire, en relation avec un choix de thèmes appropriés. Les motifs sont empruntés à un environnement familier du photographe et l’eau joue un rôle plastique prépondérant.

  • Théâtre de la dune, 1945 – 1951
Les œuvres les plus connues de Shoji Ueda sont attachées à cette période. Ce sont tout d’abord les membres de sa famille qui constituent le principal réservoir d’acteurs composant ces scènes qui se jouent sur les dunes. Les premières images sont très pures, dépouillées, comportent peu de personnages, puis les scènes deviennent plus complexes ; d’autres acteurs pénètrent dans le décor de sable. Dans ce paysage se développe également une série de nus.

  • Enfants, 1955-1970
Tout au long de son œuvre, les enfants ont peuplé et animé les images de Shoji Ueda. Il décide de les photographier au fil des saisons, en hiver dans la neige ou en été à l’ombre des arbres. Des enfants en fête, ou saisis alors qu’ils avancent sur le chemin de l’école. Des enfants dont les silhouettes ponctuent l’horizon ou qui au contraire occupent le devant de la scène. Le jeu et la complicité qu’il réussit à établir avec eux sont toujours perceptibles.

  • Paysages modernes, 1970-1985
Très attentif à la nature, à ce qui se passe dans le ciel comme sur la mer, aux mouvements de la végétation ainsi qu’aux petits accidents que l’homme peut provoquer, Shoji Ueda capte des formes subtiles, mais insuffle également de l’esprit à travers celles-ci. Il n’a de cesse de développer sa sensibilité, d’enrichir d’images toujours plus nuancées sa perception du monde. Shoji Ueda interrompt à quelques reprises son travail pour voyager en Europe. Il ne cesse pour autant de photographier et ce regard qu’il porte sur un monde qui nous est familier a quelque chose d’intrigant. Cet intermède visuel, dont il tient à préciser qu’il constitue « un souvenir silencieux », nous en dit plus sur l’art du photographe, sur ce qui a pu mobiliser son attention, que sur le sujet même de la photographie.

  • Retour à la dune, 1980-1990
A l’initiative de son fils Mitsuru, Shoji Ueda revient sur les lieux de ses photographies les plus célèbres. Il retrouve le sable et le ciel, la lumière des dunes et du bord de mer. Mais l’espace de ses images va cette fois se construire autrement, son champ de vision est plus large s’il expérimente d’autres formats photographiques. Il met également en scène d’autres types de personnages. Et à la fin de sa vie, son regard sera irrésistiblement entrainé vers la mer.     
    
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Shoji Ueda a fait également partie d’une exposition collective à la MEP (en 2017) consacrée à des photographes japonais lesquels étaient Ihei Kimura (1901-1974), Yasuhiro Ishimoto (1921-2012), Shomei Tomatsu (1930-2012), Hiromi Tsuchida (né en 1939), Ikko Narahara (né en 1931), Eikoh Hosoe (né en 1933), Hiroshi Sugimoto (né en 1948), Hiroshi Yamazaki (1946-2017), Nobuyoshi Araki (né en 1940), Masahisa Fukase (1934-2012), Daido Moriyama (né en 1938), Taiji Matsue (né en 1963), Seiiji Furuya (né en 1950), Miyako Ishiuchi (né en 1947), Toshi Shibata (né en 1949), Ryuji Miyamoto (né en 1947), Naoya Hatakeyama (né en 1958), Hiro Wakabayashi (né en 1930) et Keiichi Tahara (1951-2017).
Rappelons que la MEP détient un immense fonds photographique japonais de plus de 1300 ouvrages publiés des années 50 à nos jours, consultables à la Bibliothèque (se renseigner pour plus d’informations).


Et si le sable japonais vous colle toujours à la peau lire le roman La femme des sables de Kôbô Abe ou s’immerger dans son adaptation cinématographique (drame/Thriller de 2h27 réalisé en 1964 par Hiroshi Teshigahara) mais il n’est pas sûr que vous vous en sortiez indemne…


MAISON EUROPEENNE DE LA PHOTOGRAPHIE
MEP, 5-7, rue de Fourcy (Paris IVe)
Tél. 01 44 78 75 00