lundi 25 novembre 2013

Place aux catherinettes !

 Aujourd'hui, lundi 25 novembre 2013, il convient d'avoir une petite pensée pour la Sainte Catherine d'Alexandrie et la tradition des catherinettes qui s'appliquait aux jeunes filles célibataires de plus de 25 ans. Il convenait pour ses jeunes filles de porter un beau chapeau parfois exubérant aux couleurs jaune et vert : le jaune symbolisait le mariage raté tandis que le vert symbolisait l'espérance. "On disait qu'à vingt-cinq ans, on plaçait une première épingle sur le chapeau, à trente une deuxième ; la pose de la troisième épingle symbolisait l'achèvement de la coiffe : il était temps de trouver chaussure à son pied !". (Extrait du Livre de bord de toutes les fêtes de Claire Pinson).
De nos jours, la tradition est désuète sauf dans les maisons de couture qui perdurent la fête des catherinettes avec des défilés de mode ou entre amies pour le plaisir de s'exposer au regard des autres. Dans Paris, on peut trouver des cartes postales anciennes comme celles-ci, présentées ci-dessous. Le journal gratuit Direct Matin notait aujourd'hui cette courte prière des catherinettes : "Sainte Catherine, aide-moi. Ne me laisse pas mourir célibataire. Un mari, sainte Catherine, un bon, sainte Catherine ; mais plutôt un que pas du tout." Alors, espérons que les demoiselles ont trouvé leur prince charmant !
 

samedi 23 novembre 2013

La Baie de Somme, en Picardie !

A la recherche des oiseaux, il faut parfois se rendre près des côtes françaises, des estuaires, des marées, des parcs ornithologiques... L'objectif de ce petit voyage était le parc du Marquenterre connu pour la variété de ses oiseaux. Il est tout juste situé en bordure de l'estuaire de la Somme et offre un endroit idéal pour les amoureux de la Nature. La Baie de Somme a une superficie de 7200 hectares, ce qui fait d'elle le plus grand estuaire du Nord de la France. Cet endroit offre un espace vraiment vaste où l'on peut admirer des oiseaux en toute liberté à l'exemple des sternes qui viennent se poser dans l'estuaire à marée basse. Avant de pouvoir visiter le parc naturel, il fallait trouver un endroit où dormir. En regardant la carte, je découvris la ville du Crotoy qui me semblait le nec plus ultra car elle était située sur une pointe de la côte comme si elle dominait l'estuaire. Je ne fus pas déçue... "Over the years, the town of Le Crotoy has grown close to many visitors as a place where life is good. Like migrating birds, visitors, often come back and some even live here part of the year" (Guide pratique 2011).


En fait, cette région autour de l'estuaire est un régal de découvertes, de promenades en tout genre et de rencontres étonnantes. Tous les villages autour de l'estuaire nous dévoilent leurs particularités et leurs charmes. On dit de la Baie de Somme : "Quiconque y goûte un jour, y goûte pour toujours". Et, c'est vrai, elle est attirante, si attirante qu'elle  résonne dans notre mémoire juste avant  son oubli.  



La petite ville du Crotoy est tranquille et  reposante avec sa promenade surélevée en bordure de l'estuaire. Il y a des bancs et un petit square pour jouer aux boules. Il y a aussi un petit manège pour les enfants. C'est l'endroit idéal pour les personnes agées car ce petit centre avec hôtels et restaurants évite les grands déplacements. Puis, la vue de l'estuaire jusqu'à la rive opposée offre un panorama toujours mouvant : "Notre station vit au rythme des marées, c'est un site qu'il faut connaître, car l'imprudence peut parfois conduire au drame. A marée basse, la mer se retire à environ 14 km au large du Crotoy. A marée montante, elle fait le trajet inverse en 5 heures avec une intensité maximale entre 4 et 1 heure avant la pleine mer, en quelques minutes le courant entraîne tout sur son passage, encerclant les bancs de sable et les recouvrant de plusieurs mètres d'eau. A marée descendante : attention le courant porte au large. Le bassin des chasses : Chaque jour, 5 heures après la pleine mer, les portes du bassin des chasses s'ouvrent et libèrent des tonnes d'eau qui créent un violent courant" (Guide pratique 2011). On ne peut pas s'ennuyer car ce va-et-vient de l'eau est une compagnie ! La plage du Crotoy est faite de sable fin qui nous invite à de belles marches le long de l'estuaire. Il y a même une belle plage un peu plus loin...
 

Il est très facile d'occuper son temps autour de l'estuaire. On peut faire du vélo, faire de l'équitation, prendre le Petit Train à vapeur ou le bateau, ou encore monter dans une voiture à cheval. Les visites guidées sont un bon moyen d'appréhender la vie locale des gens ainsi que la vie secrète des animaux dans l'estuaire. C'est aussi une façon d'échapper en toute sécurité au caprice des marées !



L'église Saint Pierre du Crotoy peut surprendre le visiteur car des maquettes de bateaux, offerts par des marins en guise d'ex voto (à la suite d'un voeu), sont accrochés en suspension sous la voûte. Il ne faut pas manquer la chapelle de Saint Pierre dédiée aux marins où l'on trouve des maquettes de bateaux plus importantes qui sont portées par de jeunes marins lors de la procession de la fête de St Pierre et de la fête des mers. Une autre chapelle est dédiée à la Sainte Vierge : on y évoque la Grotte de Lourdes où la Sainte Vierge Marie se montra à la petite Bernadette du 11 février au 16 juillet 1858. En se promenant dans les rues, on découvre des peintures murales qui nous rappellent que cette petite ville adossée à l'estuaire est avant tout un port de pêche. Quand vient le soir, il faut jeter un oeil sur la couleur du ciel : le soleil qui plonge au loin dans l'estuaire offre de somptueuses teintes tandis que la station se pare de couleurs sombres. Le spectacle est magique !





 
N'attendons plus... Filons vers le parc ornithologique du Marquenterre où "L'homme et la nature se rencontrent". Le parc a été ouvert au public en 1973, on peut y aller toute l'année mais les oiseaux, eux, partent et viennent à volonté selon leur migration. Toutefois, certains oiseaux ont élu domicile dans le parc tellement l'endroit est agréable. Le parc est assez vaste entre plaines, étendues d'eau, parties boisées... A l'entrée, on reçoit un guide de visite qui nous aide à choisir notre parcours. Au total, il existe 3 parcours possibles : un parcours rouge d'une heure (2 kms), un parcours bleu de deux heures (4 kms) et un parcours vert de trois heures (6 kms). En fait, on peut prendre son temps pour admirer les oiseaux, les insectes ou les petites fleurs... On peut aussi installer son matériel photo à un endroit précis durant un temps indéfini... Je vous conseille un énorme zoom car finalement on se trouve toujours assez loin des oiseaux... Les parcours offrent des postes d'observation variés très bien situés. Celui, ci-dessous, est le poste n°12, assez proche de l'entrée : il offre un panorama sur la partie ouest du parc. Le poste d'observation n°13 (héronnière) m'a beaucoup plu car il était situé face à d'immenses arbres habités par des hérons et des spatules blanches. Leurs va-et-vient dans le ciel, pas très loin de nos têtes, étaient majestueux... Ces grands oiseaux avaient installés leur nid au sommet des plus hautes branches. On pouvait les voir se chamailler ou parader... ou encore apercevoir un oisillon quémandant sa nourriture !


"A chaque saison ses oiseaux - Au  printemps, les chants des rossignols, phragmites des joncs et rousserolles effarvattes résonnent de toutes parts, sous les spectaculaires parades nuptiales des avocettes élégantes et des barges à queue noire. Dans les pins, hérons cendrés, cigognes blanches et spatules blanches s'affairent sur leur nid volumineux. Dès l'été, des milliers de petits échassiers (huîtriers pies, courlis cendrés, bécasseaux variables etc.) qui ont niché dans les régions boréales d'Eurasie, s'arrêtent quelques jours dans le parc, avant de continuer leur route vers le sud. Leurs envols acrobatiques offrent des spectacles inoubliables. A l'automne, la migration se poursuit avec le passage des passereaux (pinsons, grives) et des rapaces (buses, éperviers), mais aussi avec l'arrivée des grandes aigrettes. L'hiver est l'époque des grands rassemblements de canards (sarcelles d'hiver, canards pilets, canards siffleurs, fuligules morillons, garrots à oeil d'or, etc.) et d'oies cendrées et rieuses, mais aussi des vols de vanneaux huppés mêlés de pluviers dorés". Cet extrait est tiré du livre de Marc Duquet intitulé Où voir les oiseaux en famille (28 sites incontournables) aux éditions Delachaux et Niestlé, publié à Paris en 2011. Cet ouvrage est très clair et très pratique car il fait le tour des sites ornithologiques de France à ne pas manquer. Il est parfait pour les nouveaux passionnés d'oiseaux car c'est un vrai guide. De plus, les oiseaux sont illustrés, ce qui facilite leur reconnaissance !

 
Pour terminer, faisons le parc en quelques chiffres ! Le parc du Marquenterre s'étend sur 200 hectares de terre, dont plus de la moitié est issue d'un ancien polder agricole. Il fait partie d'une Réserve Naturelle de 3000 hectares.
344 espèces d'oiseaux sauvages ont pu y être observées (soit la moitié des espèces en Europe), dont plus d'une centaine niche sur le Parc. 4000 oiseaux sont bagués, chaque année pour leur suivi migratoire. On compte, en plus, 27 espèces de mammifères (renard, chevreuil, sanglier, lièvre...) 32 de libellules, 200 de papillons nocturnes et plus de 265 variétés de plantes. Chaque année les Guides Nature du Parc accueillent en moyenne 150 000 visiteurs venus de toute l'Europe. Infos du Guide de visite du Parc du Marquenterre.
 
 

lundi 18 novembre 2013

Petits oiseaux exotiques à domicile !

Passionnée par le monde des oiseaux, j'aimerais vous donner quelques conseils divers... Les petits oiseaux exotiques que nous avons à la maison sont bien des êtres vivants surprenants qui ne demandent que soin, amour et liberté (ou semi-liberté). Ils nous ravissent par leurs chants et nous étonnent par leur beauté mais il ne faut surtout pas les confondre avec un beau vase en porcelaine que l'on poserait quelque part dans le salon sans y prêter attention de toute la journée. Les oiseaux ont des ailes, ils sont donc faits pour voler ! 
 
A Paris, il existe le marché aux oiseaux sur l'Ile de la Cité à quelques pas de la cathédrale Notre-Dame. Il a lieu tous les dimanches entre 9h et 18h. On peut y aller juste pour admirer la multitude de petits oiseaux exotiques ou d'autres de taille moyenne. Les mini-cages peuvent choquer certaines personnes alors gare à vous si vous êtes très sensible ! Là, on découvre des oiseaux assez incroyables que l'on ne voit généralement qu'à la télévision ou dans les livres spécialisés. Les prix sont tout à fait intéressants mais il convient de bien analyser le comportement de l'oiseau avant l'achat. Faites aussi attention à l'hygiène de la cage, ce qui vous donnera une idée du propriétaire (de l'éleveur) : les vrais passionnés d'oiseaux apportent le plus grand soin à leurs petites bêtes... Un éleveur qui confinerait une grande quantité d'oiseaux dans une cage exiguë n'est pas un passionné mais un commercial. Tout comme les êtres humains, les oiseaux nécessitent un espace minimum vital pour être en forme et avoir le moral. Au marché aux oiseaux, on trouve toutes les graines dont les oiseaux ont besoin pour bien se porter. On les achète au poids ! Il y a aussi tous les ustensiles utiles pour les cages (perchoirs, baignoires, récipients divers, abreuvoirs, nids...). Les prix sont vraiment très intéressants en comparaison de ceux des animaleries. Si vous achetez un oiseau, n'oubliez pas d'acheter un petit livre qui le concerne : il est vraiment nécessaire de connaître tous les aliments ou minéraux qui lui seront nécessaires pour sa croissance et son épanouissement. Il y a des tas de choses dont on ignore quand on achète un oiseau : chaque oiseau ne se ressemble pas forcément au sujet de son alimentation. N'oublions pas que nous retirons l'oiseau de son milieu naturel, il dépend donc entièrement de nous pour être en forme. Notre devoir est donc de se tenir informer de ses besoins essentiels.  

Il existe des oiseaux élevés à la main dès leur naissance (généralement plus chers à l'achat) et d'autres oiseaux élevés sans contact direct avec l'homme. Il y a quelques années, j'avais acheté un oisillon inséparable au Japon : il était seul dans sa cage et s'est soudainement manifesté lors de mon passage près de la cage. Sans hésiter, j'ai appelé la vendeuse et je lui ai dit que je l'achetais. Cet oiseau m'a donné toutes les satisfactions : il venait sur mon doigt, il se promenait dans mon studio, je tentais des expériences pour l'amuser... Par la suite, j'ai cherché un autre inséparable pour lui tenir compagnie mais je n'en ai pas trouvé. En fait, je suis contre le fait d'avoir un seul oiseau à soi, surtout en ce qui concerne les petits oiseaux exotiques. Ils ont besoin d'un compagnon semblable à eux. Au Japon, il existe cette "mode" d'avoir un oiseau à soi pour pallier à sa propre solitude mais je pense que c'est négliger les besoins vitaux de l'oiseau de le maintenir seul dans sa cage dans l'attente de son propriétaire : un oiseau s'ennuie, un oiseau stresse... Il est facile de s'en apercevoir en ce qui concerne les inséparables, l'oiseau ronge le bois, il grignote le papier... bref, il tente de s'occuper comme il peut... Alors, pas d'inséparable seul, pas de canari seul... s'il vous plaît !

En fait, les oiseaux ne sont pas stupides ! Ils détectent parfaitement notre attitude envers eux. Avec le temps, ils nous comprennent de mieux en mieux tout comme nous tentons de les cerner davantage au fur et à mesure des mois. Ils s'instaurent une relation particulière selon votre ouverture d'esprit. Vous allez les laisser faire ceci ou cela et ils prendront des habitudes. Parfois, ce sont eux qui agiront d'une certaine façon : soit vous les autorisez soit vous leur interdisez ! En autorisant un oiseau à faire "ce qu'il veut" vous vous rendez compte de son comportement "naturel" et c'est un vrai bonheur. Disons que c'est un vrai bonheur pour le photographe amateur qui souhaite de superbes photos... Mon expérience m'a démontré que certains de mes oiseaux étaient conscients du moment agréable qui se déroulait lorsque je les prenais en photo. C'est tout juste s'ils ne se chipaient pas la place pour être sous mon objectif : je parle ici d'une famille de diamant mandarin que j'avais (malheureusement, il ne me reste plus que la mère et la fille). Une maladie ou un microbe m'en a emporté trois presque d'un seul coup. Malgré les soins, on est jamais à l'abri d'une telle situation. Quelle tristesse ! La photo ci-dessus présente un diamant mandarin mâle (joues brunes), le meilleur père et modèle de la famille. La photo ci-dessous est le fils (joues noires) avec son air de modèle idéal... Tel père, tel fils !    


La photo ci-dessus présente le second fils (joues brunes comme son père). Cet oiseau est né très fébrile et il est parti en même temps que les deux autres. Vous pouvez le voir encore sur la photo suivante. Il cherchait les rayons de soleil pour se réchauffer : il s'est donc posé là près de la fenêtre un après-midi. Jamais je n'aurai pensé à le mettre là... comme quoi les oiseaux connaissent leurs besoins bien mieux que nous ! Alors, on s'en veut toujours lorsqu'un de ses oiseaux meurt car on pense que l'on a mal agi et que l'on est incompétent pour élever des oiseaux. Il faut savoir que les oiseaux sont fragiles !  S'ils sont dans une cage où il y a trop de soleil ou pas assez de soleil ou trop de courants d'air, l'issue peut être fatale car ils n'ont pas la possibilité de s'échapper ailleurs : ils sont soumis à notre bon choix perpétuellement.  Il faut donc faire au mieux, à nous de savoir ce qui est bon pour eux ! Il est donc important de les observer pour mieux les connaître.
 
 
 
La photo ci-contre présente un diamant mandarin opale. Il s'agit d'une femelle (pas de joues colorées). Comment prendre des oiseaux en photo ? Je ne pense pas qu'il existe une méthode unique mais l'intérêt d'une belle photo consiste, tout d'abord, à prendre un oiseau sans les barreaux de sa cage. Cela paraît une évidence ! Il s'agit d'avoir de beaux oiseaux donc, de s'en occuper le mieux possible. Ensuite, il s'agit de connaitre les habitudes de ses oiseaux et de les prendre si le bon moment se présente. Les oiseaux aussi ont des moments de la journée plus ou moins favorables. Il faut donc se tenir disponible... D'après certaines habitudes, on peut choisir d'aménager chez soi un endroit en particulier. Un peu effrayés au départ par les supports ou la couleur de fond (rouge vif), ils finiront par se familiariser aux nouvelles choses. L'oiseau n'est pas toujours favorable à la prise de vue mais il s'habitue à l'appareil noir avec son zoom et au bruit du déclencheur (il est possible de l'enlever). De plus, s'il vous reconnait, il connait vos réactions... il a donc une certaine confiance. Il ne faut pas faire de grands gestes brusques qui le surprendraient. Le calme et la tranquillité sont des atouts essentiels. De plus, il est possible de leur parler gentiment. Ainsi, il se familiarise avec votre voix. Les oiseaux émettent des cris particuliers selon telle ou telle situation. A vous de les reconnaitre ! Dans le cas des diamants mandarins, les mâles et les femelles poussent des cris. Le mâle émet un chant très particulier.
 
 
Vous avez peur d'ouvrir la cage aux oiseaux ("Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux. Regardez-les s'envoler, c'est beau..." Chanson de Pierre Perret) ? Vous pensez qu'il vous sera impossible de remettre vos oiseaux à l'intérieur ? Comment faire ? Figurez-vous que mes oiseaux sont rentrés par eux-mêmes dans leur petite cage... Ce jour-là, j'en étais stupéfaite ! Je n'avais jamais tenté l'expérience mais j'avais conçu un endroit où ils pourraient venir se poser à quelques centimètres plus loin de leur habitation... à un même niveau ! On dit qu'il ne faut pas mettre de nourriture à l'extérieur de la cage pour les pousser à rentrer mais ce n'est pas tout à fait juste. Quand arrive le soir, mes oiseaux rentrent tout seuls dans leur cage. J'ai pu le constater avec mes canaris et certains diamants mandarins. Ils se sentent protégés à l'intérieur de leur cage. Il m'arrive d'utiliser une tige en bois pour les diriger vers la porte de leur cage dans le cas où je dois quitter rapidement mon domicile mais je ne les touche jamais avec la tige : ils en ont peur et s'enfuient. L'idéal est une pièce à peu près vide où il n'existe pas de dangers pour les oiseaux. S'ils ne veulent pas rentrer, vous devez ruser avec une friandise... de la salade sur la porte de la cage ou un petit pot de graines au miel dans la cage des canaris et les voilà qui arrivent ! Les canaris sont de fins observateurs et ils sont gourmands... En fait, vous constaterez que vos oiseaux entrent à volonté dans leur cage : il m'est arrivé de fermer rapidement la porte après leur passage car je devais ouvrir la fenêtre ou sortir. Ils savent que la porte s'ouvrira à nouveau donc l'habitude est donné. Il m'est arrivé qu'un diamant mandarin s'échappe de sa cage posée dans le jardin : j'ai dû l'appeler du premier étage en montrant ses congénères afin qu'il revienne à la maison. C'est ce qu'il a fait avec mon plus grand soulagement... il avait pourtant trouvé la plus grande liberté mais il a préféré retrouver les siens ! Les oiseaux sont étonnants, encore plus si on tente de les comprendre. La photo ci-dessous présente un diamant mandarin opale perché sur le bec d'un héron en bois. C'est assez original ! Cet arrêt a finalement été adopté par différents oiseaux... une chance ! 
 

Sur la photo suivante, il s'agit du même oiseau mais il a vraiment l'air de jouer le top modèle. Lorsque je lui parlais gentiment, il remettait ses plumes en place et s'ébouriffait volontairement. Je crois qu'il comprenait la séance photo, non ?

 
Les diamants mandarins sont des oiseaux faciles à élever : on les conseille aux débutants passionnés par les oiseaux exotiques. Ces oiseaux sont généralement robustes et très vivants. Ils sont granivores. Au marché aux oiseaux, je leur achète les graines "Bengali". Ils aiment aussi le millet en grappe. Ils apprécient l'endive et la salade verte : je leur donne de la feuille de chêne verte car les feuilles sont fines et souples contrairement aux autres salades. Ils boivent de l'eau minérale car le calcaire est mauvais pour eux.
C'est vrai que les diamants mandarins ont du charme. En plus, ils peuvent être très variés au niveau de leurs couleurs. J'ai acheté mes premiers oiseaux chez Animalis : le magasin prend soin d'eux, on peut donc espérer un lien favorable avec des oiseaux bien soignés et bien traités. Les canaris aussi sont fabuleux : ils sont intelligents et très curieux. On dirait qu'ils sont très proches de nous car on a l'impression qu'ils nous comprennent. Ils demandent plus d'attention que les diamants mandarins. Ils sont deux fois plus grands donc ils ont besoin d'un espace plus large. L'entretien de la cage est presque quotidien. On dit que les oiseaux sont des animaux propres, il convient donc de leur offrir un endroit sain.
 

 


vendredi 8 novembre 2013

Sur les traces de Foujita !

"Foujita ! Foujita !", j'entendais cela pour la première fois et je me demandais bien ce que les visiteurs japonais venus à la Chalcographie du Louvre me demandaient... Il y a environ 25 ans de cela, j'étais vendeuse dans les différents comptoirs du musée. Ce jour-là, on m'avait envoyé à la Chalcographie... Mon collègue, employé régulier du comptoir, m'avait alors soufflé qu'il s'agissait du nom d'un peintre japonais très connu et que les Japonais entraient généralement avec fort empressement dans l'espoir d'y trouver ses gravures notamment son "Portrait au chat" qu'ils achetaient avec grand bonheur. J'étais donc parée pour les prochains visiteurs et cela était même devenu un jeu lorsque je voyais un Asiatique passé la porte : je pariais en silence ou avec mon collègue que le nouveau client allait nous demander des gravures de Foujita... et cela marchait presque à tous les coups ! A l'époque, je ne faisais pas bien la différence entre un Chinois ou un Japonais mais je me souviens parfaitement que les visiteurs japonais étaient majoritaires. J'avais donc peu de chance de me tromper !  Je me rappelle du sentiment agréable lié au fait de pouvoir détenir un peu de leur esprit et je les suivais de mon regard jusqu'à ce qu'ils viennent à ma rencontre. L'échange, parfois très restreint, dû à la barrière linguistique satisfaisait mon goût des interactions les plus diverses. J'en concluais ceci ou cela et le temps me semblait un divertissement grâce à ces moments empreints d'étrangeté. Bien des années après, je découvrais le Japon et m'installais quelques années dans ce beau pays...
Tsuguharu Foujita est né le 27 novembre 1886 à Tokyo. Le nom de Foujita signifie en Japonais "champ cultivé de glycines" tandis que son prénom Tsuguharu se décompose ainsi, Tsugu pour "héritier" et "Haru" pour "la Paix".

Son père est un Général souvent parti en mission à l'étranger, c'est donc auprès de sa mère et de ses sœurs qu'il grandit. Il aura la peine de perdre sa mère en 1891 alors qu'elle n'avait que 5 ans. Sa seconde mère sera alors représentée par sa sœur Kiku déjà mariée. En 1904, il entre à l'Ecole des Beaux-Arts de Tokyo dans la section "Peinture occidentale". En 1913, Foujita se décide à faire le grand saut et débarque à Marseille le 5 août après 45 jours de traversée en paquebot. Sylvie et Dominique Buisson, écriront dans leur livre "Léonard-Tsuguharu Foujita" ce passage significatif : "Malgré ces succès d'estime, Fujita ne se sent pas très à l'aise dans son style ; il ne parvient pas à rejeter tout à fait ce qu'il a étudié depuis six ans, et il doute de pouvoir, en restant au Japon, trouver cette nouvelle facture qu'il lui reste à inventer. Il devine l'immensité de ce qu'il a à découvrir en Occident et rêve de tenter avec l'Ouest la Grande Confrontation."

Foujita monte donc à Paris la même année et s'installe comme beaucoup d'artistes dans le quartier de Montparnasse. Il ne connait personne et ne parle pas bien français mais il est prêt à toutes les découvertes. Foujita intrigue beaucoup de par son origine asiatique, son allure élégante et son physique : il a une coupe de cheveux à la garçonne, des boucles d'oreille et de grosses lunettes rondes. Il n'a pas un passé semblable aux autres artistes mais il s'intègre à merveille : "Pourquoi lui, qui n'est ni juif en rupture de patrie, ni Russe, ni Espagnol, ni Mexicain, et qui explique comme il le peut qu'il n'a quitté son pays ni par misère, ni par censure politique... Comment se peut-il qu'il ait fait tant de chemin et quitté tant de fortune pour se mêler à la pauvreté des Montparnos ? Mais pour participer librement aux grands élans de l'Art moderne, bien sûr ! Et c'est la seule raison." (S. et D. Buisson)

Foujita s'intéresse à la vie trépidante parisienne, découvre d'innombrables toiles d'artistes, fréquente une multitude de gens, découvre les salons d'automne, fréquente régulièrement le Louvre pour se perfectionner en peinture. Il participe aux bals masqués des cafés parisiens et rencontre ses futurs amis artistes et modèles. Il est très apprécié grâce à sa courtoisie, son humour, sa curiosité... Il ose surprendre le monde qui l'entoure : "On le presse, on le réclame, on se pâme lorsqu'il entonne un chant de son  pays, on s'émerveille de le voir exécuter une danse chevaleresque du vieux Japon. Foujita trouve en face de lui un monde qui lui plaît et lui répond." (S.et D. Buisson). Le 1er juin 1917, il a alors 33 ans, il réalise sa première exposition personnelle. C'est le début d'une réussite qui va lui permettre d'évoluer davantage dans son travail artistique. Il va pouvoir s'acheter du matériel et produire davantage de toiles qui vont se distinguer par leur thème : "Paysages, bouquets de fleurs  , natures mortes, portraits et compositions de personnages, sans oublier des scènes religieuses." (S. et D. Buisson). En 1923, il rencontre une jeune belge, Lucie Badoud qu'il rebaptise Youki (neige) pour sa couleur de peau. C'est le coup de foudre ! Ils se marient aussitôt... Foujita va de succès en succès, il s'enrichit et couvre sa belle de cadeaux.


En 1925, il est doublement récompensé : la France le décore de la Légion d'Honneur et la Belgique lui attribue l'Ordre de Léopold 1er. Il écrit divers articles sur son savoir-faire de peintre et s'oriente vers des autoportraits. Il mène un travail intensif et ses sorties sont très sélectives. Il travaille beaucoup à son succès. Il dépense aussi généreusement.

En 1929, Foujita et Youki s'embarquent pour le Japon. Foujita expose avec succès dans son pays natal et fait découvrir les traditions japonaises à sa compagne. De retour en France, les choses se compliquent : la crise se ressent et Foujita est en difficulté financière. Les ventes piétinent et les charges doivent être comblées. Le couple finit par se séparer. Foujita sera néanmoins généreux avec Youki lui laissant l'autorisation de faire commerce de toutes ses toiles laissées à leur domicile et auprès de certains éditeurs.

En 1930, il part faire un grand voyage avec sa nouvelle compagne, Madeleine Lequeux, danseuse au Casino de Paris. Ils découvrent l'Amérique Latine (Brésil, Bolivie, Pérou, Cuba, Mexique), les Etats-Unis et rallient le Japon. Ils sont très attendus ! Foujita souhaite plus que tout revoir son père devenu âgé... Il travaille aussi avec passion à de nouvelles fresques tandis que Madeleine danse pour le public japonais : "Sa grande beauté et son entrain déclenchent des vagues d'admiration. A une époque où les Occidentales sont rarissimes au Japon, on imagine la séduction que peuvent exercer ses grands yeux clairs, son teint de lait, sa flamboyante chevelure et son corps élancé." (S. et D. Buisson) Foujita adore la représenter sur ses toiles, elle est tout pour lui... En 1936, il a alors 50 ans, un grand malheur l'accable. Madeleine décède subitement à l'âge 27 ans sous l'emprise d'une trop forte dose de cocaïne. Il est dévasté... Mais, il ne tardera pas à rencontrer une ravissante japonaise du nom de Kimiyo Horyuchi qui va lui ôter sa douleur. En 1939, Foujita retourne en France avec sa nouvelle épouse mais cela sera de courte durée. Il est contraint de rentrer au Japon pendant la guerre afin d'éviter tout problème lié à sa nationalité. Il sera obligé de travailler pour le gouvernement japonais comme "reporter de presse" dans tout le Sud-Est asiatique et le Pacifique durant cinq ans. Il peint des scènes de combat et d'autres thèmes de guerre... et s'adonne en cachette à ses propres choix de thèmes ! En 1950, il revient en France avec son épouse de manière définitive. La même année, il expose en Algérie et obtient de vrais succès. L'argent fait son retour ! Il expose également en Espagne où les ventes et les commandes affluent, c'est le bonheur... Il épouse Kimiyo le 5 octobre 1954 à Paris, dans la mairie du XIVe arrondissement. En 1955, il prend la nationalité française. En 1959, il se convertit au catholicisme et se fait baptiser dans la cathédrale de Reims.

En 1960, il achète une maison dans le village de Villiers-le-Bâcle (département de l'Essonne) et garde son atelier de la rue Campagne-Première à Montparnasse.
C'est à cette époque que Foujita se tourne vers des thèmes très religieux : "Il réalise sur parchemin les trois gouaches de l'Apocalypse selon Saint Jean, entouré d'une profusion de livres saints, de Bibles en français et en japonais et d'autres ouvrages pour puiser aux sources de l'iconographie sacrée. Depuis son baptême, les sujets religieux constituent la majorité de ses travaux." ("Foujita { inédits" par Sylvie Buisson)

L'ancienne et dernière demeure de Foujita n'a rien d'impressionnant côté rue à tel point qu'on pourrait la passer sans savoir qu'un artiste célèbre y a vécu. Les trésors du peintre résident davantage à l'intérieur des pièces et le charme de la maison est visible à partir de la façade arrière qui donne sur la vallée de Chevreuse. La cuisine est particulièrement intéressante car on y découvre des ustensiles français et japonais. Des objets délicats et raffinées parfois qui démontrent la délicatesse de l'artiste et de sa femme.

Chaque pièce possède son charme et les détails de décorations ne manquent pas. Il est même possible de voir des poupées anciennes. Chaque objet porte sa signature : "Il y rassemble une quantité d'objets glanés au cours de ses voyages comme au gré de ses rencontres, faisant de son univers quotidien un véritable cabinet de curiosités. Sources d'inspiration, ces objets nous renvoient à son univers pictural. La visite de son atelier nous permet de pénétrer l'intimité du peintre et de mieux comprendre sa manière de travailler : tout nous renvoie à sa démarche si particulière qui fait de lui un artiste à part, sans prédécesseur ni successeur, mais assurément le peintre du vingtième siècle qui a su le mieux allier cultures japonaise et occidentale." (Anne Le Diberder, attachée de conservation du patrimoine au Conseil Général de l'Essonne).


"Clou de la visite, la découverte  de l'atelier, où les pinceaux occidentaux, juste posés dans des bocaux de verre, prêts à être saisis, voisinent avec des bâtons d'encre japonais, feuilles d'or, talc et tampons de soie..." (Le journal Direct Matin, 16 janvier 2009, article de Anne Rohou).

"Dans l'atelier de Villiers-le-Bâcle, comme à Paris, les petites filles reviennent sur les toiles aussi souvent que les Madone et les Mère à l'Enfant. La Madone et la mère se rejoignent dans l'esprit de Foujita, comme si la femme et la Vierge ne faisaient qu'une. Les notions de sacré et de profane se confondent : la mère berce son bébé et la Vierge, l'Enfant Jésus." ("Foujita { inédits" par Sylvie Buisson)


 Foujita habite dans cette maison de campagne au calme jusqu'à la fin de sa vie mais il reste très actif : il peint des thèmes religieux (Vierge à l'enfant, Nativité), il voyage en Italie notamment à Assise (il est un admirateur de Saint-François d'Assise et de Léonard de Vinci), il expose en France et au Japon. "A l'âge de 75 ans, Foujita travaille toujours beaucoup et toujours dans la joie, sifflotant devant sa toile, le nez collé plus que jamais sur son motif. Les petites filles se suivent au fil de ses peintures", écriront S. et D. Buisson.

Si l'on s'intéresse à la vie de Foujita, il faut se rendre à Reims et visiter la cathédrale de Reims où il a été baptisé et marié religieusement avec sa femme Kimiyo. Comme le souligne Sylvie Buisson dans sa magnifique monographie consacrée à Foujita : le peintre entame une "période contemplative et mystique" qui a trois points d'ancrage qui sont Montparnasse, Villiers-le-Bâcle et Reims. Dans cette dernière ville, il ne faut surtout pas manquer la chapelle Notre-Dame de la Paix que Foujita a fait construire d'après ses propres plans. La chapelle se trouve près de la Maison Mumm (caves de champagne) car Foujita et René Lalou, PDG de G.H. Mumm étaient très liés. "En 1964, M. René Lalou et le maître Léonard Foujita conviennent de concrétiser, par la construction d'une chapelle, leurs sentiments de reconnaissance pour la révélation mystique que Foujita avait reçue devant le tombeau de Saint-Remi. De son côté, Foujita se sent redevable envers l'Eglise et la communauté chrétienne qui l'ont accueilli si naturellement", indiquent S. et D. Buisson. 

En 1966, la chapelle de style roman est enfin terminée. Foujita peut commencer la décoration intérieure : un ensemble de fresques religieuses tirées de la vie de Jésus sur une longueur d'environ deux cents mètres : "A 80 ans, il aborde pour la première fois la technique si difficile de la fresque. Selon le procédé des maîtres du Moyen-Age, il utilise des couleurs à l'eau pénétrant immédiatement dans un enduit frais n'autorisant aucune retouche", précisent S. et D. Buisson.

Le dépliant touristique consacrée à la chapelle indique : "La chapelle, dédiée à Notre-Dame de la Paix, est  bénie le 1er octobre 1966 puis solennellement offerte à la ville de Reims le 18 octobre 1966. Sa conservation est confiée au musée des beaux-arts de la Ville de Reims qui en assure également la gestion et la promotion (des œuvres de Foujita et d'autres artistes liées à la thématique de l'Art sacré y sont exposées). En 1992, la Chapelle Foujita est classée à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques."

N'oublions pas de dire que Foujita a préparé son  caveau et sa pierre tombale dans la chapelle. Le maître ressent les années et il sait qu'il a atteint un bel âge. Sa santé diminue, il doit passer des examens le 8 décembre 1966. Un cancer le guette... Il s'éteindra le 29 janvier 1968 à l'âge de 81 ans. On entendra à la radio française "Foujita est mort aujourd'hui, le vrai Parisien qui, avec Modigliani et Picasso, avait donné à Paris le mouvement et la vie..." (S. Buisson)

Après la visite de sa maison à Villiers-le-Bâcle et de sa chapelle à Reims, on pense avoir fait le tour de Foujita mais il n'en est rien. Il faut se rendre à la Cité Internationale de Paris et chercher le Pavillon japonais qui abrite d'immenses œuvres du maître, au niveau du rez-de-chaussée. Le bâtiment appartient à la Fondation Satsuma. Monsieur Satsuma est un baron japonais très riche qui arrive à Paris en 1921 et aide les artistes en tant que mécène. En 1929, grâce à lui, le Pavillon japonais est construit. "Foujita réalise pour cette occasion de grandes compositions sur soie. Il situe sur de grands fonds d'or L'arrivée des premiers Occidentaux à Nagasaki au XVIe siècle et Chevaux et chiens. Foujita aime particulièrement peindre à intervalles réguliers ces grandes compositions sur fond d'Or. En 1929, il réalise aussi pour le cercle Interallié, rue du Faubourg-Saint-Honoré, huit panneaux muraux à la manière des facteurs de paravents." (S. et D. Buisson)


Foujita est toujours d'actualité à travers les diverses expositions qui lui sont consacrées. Il ne fallait pas manquer une exposition organisée à l'Orangerie du domaine départemental de Chamarande (Essonne) intitulée "Foujita, le maître du trait" en 2007/2008. On y présentait quatre panneaux de grands formats (300x300) formant deux diptyques (Combats et Grande Composition). Après restauration, on a pu découvrir la technique du maître, celle notamment qui donne un aspect blanc crayeux aux oeuvres.

Voyons les explications du dépliant pour en savoir davantage :

"Ces deux diptyques représentent, d'une part des lutteurs, d'autre part des couples et des personnages enlacés et alanguis. Dans plusieurs entretiens, Foujita fait référence à une recherche sur le thème du travail. Certains y voient, par ailleurs, une allusion à la guerre et à la paix, au combat et au repos, au paradis et à l'enfer.
Y figurent ses modèles favoris, notamment la célèbre Kiki de Montparnasse, mais aussi ses références esthétiques : les corps des lutteurs rappellent tout à la fois la sculpture grecque, Michel-Ange, et les artistes de la Renaissance italienne.

Cette peinture quasiment monochrome démontre l'éclatante maîtrise du peintre dans la réalisation de ses fameux fonds blancs opalescents. Cette même rigueur s'exprime également dans l'exécution des motifs. Composant mentalement son tableau, sans dessin préparatoire d'ensemble, Foujita travaille séparément chaque groupe pour lequel il réalise une première esquisse au fusain ou à la mine de plomb. Puis, il travaille inlassablement son motif sur de grands calques, parfois teintés, afin d'apprendre son geste et de le reproduire sur l'œuvre définitive. C'est là l'une des caractéristiques majeures de l'art de FoujitaElle explique, d'une part l'absence de toute reprise de composition, y compris dans ses tableaux monumentaux, et d'autre part, la profusion de dessins réalisés sur le même thème, ainsi que la reprise de motifs presque identiques dans divers tableaux.
Cette manière très particulière de travailler, qui va à l'encontre de toutes les leçons académiques, est le fruit du travail de copie mené au Louvre par l'artiste à son arrivée à Paris. Foujita compose sa toile en posant d'abord sur ses fonds blancs les personnages les uns après les autres. Il unifie son œuvre en terminant par le fond, qu'il grise et modèle par tamponnage de pigment noir appliqué à l'aide de tissu imprégné. Par cette technique qui lui est propre, il souligne les formes et les contours tout en animant l'espace.

Cet ensemble apparaît comme un véritable manifeste de l'artiste. Œuvre raffinée, elle traduit toute la complexité de Foujita, fier de sa culture japonaise, amoureux de la France et de l'art européen". 

A propos de la technique du maître, le Journal du Dimanche daté du 28 octobre 2007 indique que Foujita est peut-être l'un des précurseurs de la bande dessinée japonaise (manga) : "Un tracé qui se perpétue aujourd'hui dans un art mineur; celui des BD nippones, puisque le père des mangas, littéralement ces 'esquisses rapides', Tezuka Osamu, a revendiqué l'héritage de Foujita, l'insaisissable." 

Puis, il ne fallait pas manquer cette exposition intitulée "De Kuroda à Foujita" organisée à la Maison de la culture du Japon à Paris en 2007/2008. Elle se présentait en quatre sections : la rencontre de Raphaël Collin et de Seiki Kuroda ; Des peintres japonais à l'Exposition universelle de Paris en 1900 ; Yasui et Umehara, deux peintres originaires de Kyôto ; Foujita et les peintres japonais à Paris dans l'entre-deux-guerres. L'exposition nous replaçait donc dans l'univers artistique de Foujita au Japon et en France tout en nous montrant des œuvres d'artistes japonais que nous ne connaissons pas malgré leur séjour en France.

L'affiche de l'exposition précise : "Durant l'ère Meiji (1868-1912), le Japon se modernise, s'occidentalise. Les artistes commencent à se familiariser avec des techniques nouvelles pour eux, notamment la peinture à l'huile. S'éloignant de la tradition picturale de l'archipel, ces 'peintres de style occidental' se rendent dès lors de plus en plus nombreux en Europe, surtout à Paris, pour y étudier avec frénésie. Ils joueront un rôle crucial dans la modernisation de l'art japonais.

Cette exposition survole un demi-siècle de peinture de style occidental (yôga) au Japon. Plus de 50 tableaux sont présentés, chefs d'œuvre d'une dizaine d'artistes ayant séjourné à Paris. Une occasion rare de découvrir ces peintres qui jouissent d'une immense notoriété au Japon mais qui restent encore inconnus en France, à l'exception de Foujita."

Pour terminer, voici un livre de poche écrit par Foujita, en Japonais. Il y retrace ses divers souvenirs sur l'Ecole de Paris, sur ses voyages à l'étranger, sur la culture et les beaux-arts etc. On y découvre aussi quelques unes de ses esquisses, son portrait en photo... Il suffit de savoir lire le japonais et ce n'est pas une mince affaire ! Bon courage quand même, si vous vous y lancez... On y trouve du plaisir !